Impacts du digital sur l’égalité professionnel
« Devenir égaux – Comment le digital agit sur les inégalités de genre au travail » est une étude menée par Accenture, cabinet de conseil en stratégie, digital et technologies. On vous en parle car elle nous apprend plein de choses, et on recense pour l’instant trop peu d’études de ce type, qui traitent de l’impact vertueux du digital pour l’égalité des genres au niveau professionnel. Alors on en profite, et on revient sur les tendances et chiffres clés de l’étude !
Si le processus de transformation n’est pas complètement enclenché, la parité ne sera pas une réalité avant 2060 dans les pays développés, et 2100 dans les pays en développement.
Même si le digital seul ne fera pas des miracles, il est tout de même observé qu’il a une véritable influence sur la carrière d’une femme et peut s’avérer être un élément décisif pour un changement au long terme.
Les recherches d’Accenture se basent sur les données de la Banque Mondiale en matière d’éducation et de travail, et de l’OCDE en matière de leadership. On y retrouve trois questions distinctes pour évaluer l’expérience des femmes au travail :
- De quelle façon les femmes s’éduquent pour être embauchée ?
- Quel parcours ont-elles pour trouver et garder leurs travails ?
- Comment avancent-elles dans leurs carrières ?
Le terme de « digitally fluent » (“acculturation digitale” en français) porte un rôle central dans l’étude d’Accenture. Il est extrêmement intéressant car il invoque une compétence à part entière, comme si le digital était un langage vecteur de lien social. Grâce à cette compétence, chacun peut jouir de nouvelles opportunités dans un environnement professionnel évolutif. Accenture utilise l’expression de « liquid workforce » : voir la technologie non pas comme une fin en soi mais comme un moyen de transformer les gens, les projets, et les entreprises elles-mêmes.
Aujourd’hui, les entreprises souffrent d’une forte instabilité des compétences, toutes professions confondues. Plusieurs études comme celle de « 2016 Future of Jobs » par The World Economic Forum distinguent une baisse majeure de recrutement et conjointement une pénurie de talents. Cette tendance tendrait à s’aggraver durant les cinq prochaines années.
Pour répondre à tout cela, Accenture a développé un outil de mesure qualitatif, appelé le « Accenture Digital Fluency Model ». Pour le mesurer, les marqueurs pris en compte sont :
- la maîtrise du digital
- le niveau d’éducation
- l’emploi
- le progrès.
Ils ont réalisé un état des lieux de la situation mondiale, en obtenant des informations auprès de 5000 hommes et femmes dans 31 pays concernés. Le Digital Fluency Model permet de comprendre combien l’acculturation digitale amène à des changements radicaux dans l’éducation, l’expérience professionnelle et les carrières des femmes. Les résultats de l’étude sont disparates, avec le plus grand score pour les Etats-Unis, le score moyen pour l’Autriche, et le score le plus bas pour l’Inde. En Indonésie et en Inde, le niveau très bas d’acculturation digitale des femmes freine complètement le progrès pour la condition des femmes. Généraliser leur accès à internet pourrait être un premier pas vers de nouvelles opportunités professionnelles.
Le « Digital Fluency Model » prouve que le digital a un réel potentiel d’influence positive sur les femmes, capable de bouleverser leur éducation, leur expérience professionnelle, et leurs opportunités.
Dans les pays où les femmes maîtrisent le mieux les outils digitaux, l’égalité professionnelle femmes-hommes est déjà une réalité.
On parle majoritairement des pays Nordiques (Suède, Danemark, Norvège et Finlande), des Pays Bas, et du Royaume-Uni, entres autres. Au Royaume-uni, il y a seulement 1% d’écart entre l’acculturation digitale des femmes et des hommes (53% contre 52%).
Malheureusement, on trouve encore des pays dans lesquels le digital reste un concept presque inconnu pour les femmes, ce qui accentue intensément les différences femmes hommes au travail. Parmis les 10 derniers scores du « Digital Fluency Model » nous retrouvons l’Inde (score: 12), L’indonésie (21), les Philippines (28), le Mexique (28), l’Arabie saoudite (29), l’Afrique du sud (31), la grande Chine (32), l’Italie (34), le Brésil (36) et le Japon (38).
Alors, que doit-on retenir ?
Selon l’étude, les femmes vivent le digital comme un levier puissant dans leurs études supérieures. D’ailleurs, le taux d’études supérieures chez les femmes a doublé en une seule génération ! Plus de la moitié des femmes de la génération X ont obtenu un diplôme d’études supérieurs, contre seulement 27% des femmes de la génération de leurs mères. Grâce à cela, elles atteignent de plus belles opportunités professionnelles. Plus des deux tiers des femmes interrogées (72%) affirment que leurs projets professionnels ont évolués grâce au digital.
Au travail, la maîtrise du digital permet une meilleure organisation du temps pour les employé.e.s, un meilleur respect de l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle et ainsi une optimisation de la productivité. Accenture constate que 41% des femmes interrogées profitent de cet équilibre grâce au digital.
On se rend compte que bon nombre d’inégalités liées aux genres sont montrées du doigt, et qu’une réelle place dans la conscience commune leur est réservée. C’est une porte ouverte à de nouvelles carrières, notamment entrepreneuriales. De plus en plus de femmes prennent la voie de l’entrepreneuriat et comptent sur le support du digital pour développer leurs activités.
La vision s’élargit avec les nouvelles générations à venir : 71% des hommes et des femmes questionnés affirment que
« le monde du digital sera un levier d’égalité tout-puissant pour les femmes de demain ».
