Depuis 2015, nous fêtons chaque 11 février la Journée internationale des femmes et des filles de sciences. Plus que tous les autres jours de l’année, dégainez sur vos réseaux le #FemmesenSciences pour faire résonner la voix de celles qui font des sciences un métier, une vocation, une passion ou même un rêve.
Avant de déblayer le terrain -et comprendre ce qui nous amène encore aujourd’hui à défendre la place des filles et des femmes dans le milieu scientifique-, donnons les grandes caractéristiques de cette journée.
Qui en est à l’origine ?
L’UNESCO accompagné d’ONU-Femmes, des Institutions et des partenaires de la société civile, a rendu possible cette initiative d’égalité. Rappelons que l’égalité des genres est l’une des priorités premières de l’UNESCO. L’Assemblée générale des Nations Unies a donc proclamé le 22 décembre 2015 la date officielle de la Journée internationale des femmes et des filles de science.
Pourquoi existe-t-elle ?
Elle promeut un objectif qui s’inscrit dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030…
L’accès et la participation pleine et équitable des femmes et des filles à la science.
Le 11 février prend tout son sens dans un monde où la science est encore trop masculine. Cette journée vise à déconstruire les stéréotypes et tend à briser pas à pas les parois et plafonds de verre du domaine scientifique. La promotion et l’engouement de ce rendez-vous annuel attire de nouveaux talents féminins et soutient celle qui ont déjà leur place dans le milieu. L’objectif à long terme est bien sûr de renforcer significativement la participation des femmes dans la science au sens large.
Les mots d’ordre : la créativité, le talent et les nouvelles perspectives !
Certaines femmes des siècles derniers représentent aujourd’hui de véritables modèles pour les générations actuelles.
- Henrietta Swan Leavitt
Astronome américaine, cette scientifique a révolutionné notre manière d’appréhender l’univers. Ses découvertes sur les variations d’éclats périodiques des étoiles céphéides (ça devient un peu compliqué) a contribué à la mesure des distances entre la Terre et certaines galaxies éloignées. Ses problèmes de santé auront eu raison d’elle trop jeune, mais elle a laissé une trace indélébile dans le monde scientifique. Son nom a d’ailleurs été donné à un astéroïde (5383) ainsi qu’à des cratères de la lune pour rendre hommage à son travail, à son talent et à son engagement.
- Marie Curie
Vous l’attendiez, elle est là. Cette scientifique remarquable par ses idéaux, sa détermination et son immense talent a grandement modifié notre monde. Elle est aujourd’hui la scientifique la plus célèbre au monde. La science avait selon elle un rôle à jouer dans l’évolution de notre société, notamment en faveur des femmes. Tout au long de sa carrière, elle reçoit seule et à plusieurs les Prix Nobels de physique et de chimie. Ses travaux ont donné naissance à la reconnaissance de la radioactivité naturelle et à la masse atomique du radium métallique. Au-delà de sa vie professionnelle, elle est une pionnière dans la lutte pour les droits des femmes et est devenue progressivement une figure emblématique de l’émancipation féminine.
- Rosalind Franklin
À la fois chimiste, biologiste moléculaire et cristallographe, Rosalind est une pionnière dans les domaines du charbon, des virus et surtout de l’ADN. Elle fait partie de ces premières femmes scientifiques victimes de l’effet Matilda.
Qu’est-ce que l’effet Matilda ?
Margaret Rossiter, historienne des sciences, met un mot sur un phénomène malheureusement récurrent : les femmes scientifiques sont moins reconnues pour leurs recherches et/ou découvertes que leurs confrères masculins.
Rosalind Franklin n’a jamais été reconnue officiellement comme la pionnière de l’ADN, alors que ce sont ses travaux qui ont permis la découverte de la structure à double hélice de la molécule. À sa place, le prix Nobel de médecine pour la découverte de l’ADN a été attribué à trois hommes, James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins. Rendre à César ce qui est à César n’était pas au goût du jour…
Qu’avons-nous à observer de notre époque actuelle ?
Malheureusement les parois de verre existent, freinent et stigmatisent.
Aujourd’hui, seuls 33 % des chercheurs sont des femmes
Pour le comprendre, il suffit d’allumer sa télévision et de voir qui sont les scientifiques sous les feux des projecteurs pour nous parler de la Covid-19 ? S’agit-il majoritairement d’hommes ? La réponse est oui.
Selon une étude de l’INA datant de 2020 et couvrant la période la plus significative de la crise sanitaire (8 jours compris entre le 17 mars et le 11 avril 2020), le traitement de l’image et l’intelligence artificielle a retenu les données suivantes :
Si l’on excepte les journalistes, près des trois quarts (70 %) des personnes intervenant dans l’information télévisée ont une autorité forte qu’elle soit de nature scientifique […], etc.
Les femmes apparaissent largement minoritaires (28 %) dans l’information télévisée.
Conscientiser ces faits d’inégalité et agir à l’inverse doit être la priorité. C’est ce que font l’UNESCO et L’Oréal avec leur programme Pour les femmes et la science. Cette initiative attribue chaque année des prix et/ou des bourses de recherche qui contribuent à l’évolution des carrières et, par extension, des mentalités.
Créer des nouvelles connexions joue également un rôle fondamental dans l’évolution de la conscience collective. Même si c’est cliché, il faut toujours se le rappeler : seul(e) on va plus vite, ensemble, on va plus loin.
Car pour toutes les scientifiques avérées ou celles qui s’intéressent de près ou de loin au milieu, nous manquons fatalement de réseaux féminins appliqués aux sciences.
Request a Woman Scientist est une plateforme performante pour lutter contre ce phénomène. Issue de l’association 500 Women Scientists, cette base de données permet à des femmes scientifiques d’étendre leur visibilité au grand public.
Elle permet de connecter un réseau multidisciplinaire de femmes scientifiques possédant une grande expérience professionnelle avec toute personne qui aurait besoin de consulter, inviter, identifier ou collaborer avec une spécialiste.
Nous pensons que le changement doit d’abord s’opérer auprès des plus jeunes filles.
Elles ont le pouvoir de faire basculer les choses en faisant valoir leur volonté de réussir.
En 2014, le Programme de l’Oréal avec l’Unesco a permis de déceler auprès de 130 élèves les à priori liés au domaine scientifique. L’élément le plus marquant de cette étude est la méconnaissance des parcours scientifiques. Alors il faut pouvoir les informer, répondre à leurs doutes et les guider.
La top model Karlie Kloss a d’ailleurs lancé son propre mouvement auprès des jeunes femmes et jeunes filles. Kode with Klossy est une offre gratuite de programmes des sciences numériques spécialisés dans le codage. Son engagement féministe en tant qu’ancienne étudiante des sciences et des mathématiques permet à des milliers de jeunes filles d’ouvrir à leur tour le champs des possibles.
Finalement, dans un monde où tout devient possible, pourquoi se fier aux préjugés ? Les sciences ne sont pas synonymes de monotonie, de solitude et d’inaction !
En ce 11 février 2022, faites briller la scientifique qui est en vous et rappelez-lui que si elle veut, elle peut !
Sources :
UNESCO, UNESDOC, Académie de créteil, L’Oréal